Oumou Keita dans sa parcelle de tests de production de sorgho en association avec l’arachide. Elle est ici en compagnie de sa petite fille Bintou Camara tenant une gousse d’arachide.
Le sorgho produit dans ce champ servira à préparer des plats intermédiaires,
riches en fer et en zinc, des nutriments indispensables à l’alimentation de sa fille.
‘ L’important est d’augmenter la sécurité alimentaire des ménages et surtout celle des enfants au Mali ‘ Dr Eva Weltzien, ICRISAT
A 50 km de Bamako, Guena, est un village typique du Mali, fortement ancré dans la tradition et résolument tourné vers l’agriculture. Pourtant, les récents changements climatiques de ces dernières années n’ont pas épargné Guena. Ici, les sols sont pauvres et les pluies sont devenues aléatoires.
Ce jour là, sur la route qui conduit au village de Guena, Mamourou Sidibé, un technicien de l’ICRISAT évoque les caractéristiques des sols de Guena « Les résultats d’analyses montrent que les sols sont très pauvres à Guena, notamment en phosphore». Les sols fertiles ont alors été réservés en premier à la production familiale. Les sols, portés à l’abandon après de longues années d’exploitation reviennent aux femmes pour la culture des légumineuses dont l’arachide, considérée principalement comme la culture des femmes.
Ainsi, à quelques mètres hors du village, sur un sol caillouteux, Oumou Keita, fait exception avec son champ de sorgho. Oumou, est l’une des bénéficiaires du Projet Mil et Sorgho du Programme de Facilité alimentaire lancé par l’Union Européenne et le Fonds International de Développement agricole (UE-FIDA) en 2011 dans les pays de l’Afrique de l’Ouest dont le Mali. La deuxième Composante de ce programme exécutée par l’Institut International de Recherche sur les cultures des zones tropicales semi-arides (ICRISAT) dans le cadre d’un Projet dénommé Mil et Sorgho (PROMISO), vise à renforcer la production de mil et sorgho dans la région. Ceci pour faire face aux graves problèmes de sécurité alimentaire dus à une faible pluviométrie qui a considérablement réduit les récoltes en 2009. Depuis l’entame du projet, un accent tout particulier a été mis sur le renforcement des capacités des femmes à produire des céréales telles que le sorgho.
C’est ainsi qu’en 2011, Oumou Keita, faisait partie de quelques agricultrices choisies pour suivre une formation visant à accroitre la productivité et le rendement de la production de mil et sorgho par les femmes. « J’ai acquis une maitrise des techniques d’implantation de parcelles,
notamment la fertilisation des sols appauvris grâce à l’apport d’engrais DAP et d’urée » dit-elle.
Avec une application rigoureuse des enseignements reçus du PROMISO, Oumou nourrit déjà de grands espoirs concernant l’issue de la campagne agricole 2011. « Avec l’application de l’engrais et d’autres techniques de production et de gestion de la fertilisation du sol, j’espère doubler mon rendement de sorgho qui n’était que de 15 kg sur un
demi-hectare lors des années précédentes.».
La formation reçue par Oumou devra bénéficier également à toutes les femmes du village car ici, les activités de tests de semences sont inscrites dans le cadre d’une action collective. Ainsi, Oumou, aidera d’autres femmes de son village à implanter leurs parcelles de tests de sorgho en association de l’arachide « les femmes plus âgées et d’autres qui ne savent pas encore se servir des cordes de semis et de mètres ruban pour installer leurs parcelles de tests de sorgho et de mil peuvent compter sur mon soutien. »
assure Oumou Keita.
Selon le Dr Eva Weltzien, Chercheuse de L’ICRISAT, à long terme toutes les femmes du village pourront implanter leurs tests et donc accéder à des semences améliorées de céréales à un prix abordable. « C’est un travail de sélection auquel les femmes sont ainsi initiées »
renchérit Mamourou Sidibé, technicien de l’ICRISAT.
Avec le Projet Mil et Sorgho, les femmes de Guena ont de bonnes raisons d’être optimistes en ce qui concerne leur insertion dans le marché de la production céréalière. Cependant, à l’occasion du 15 octobre, Journée mondiale des femmes rurales, Oumou Keita s’érige en porte-voix des femmes de son village et souhaiterait attirer l’attention de tous sur d’autres problèmes que rencontrent les femmes de Guena. Il s’agit en l’occurrence du manque d’accès à l’eau potable ainsi que de matériel adéquat pour la culture « A Guena les femmes sont encore obligées de moudre manuellement le mil ou le sorgho. C’est physiquement contraignant. C’est également l’une des contraintes qui empêche les femmes de s’occuper convenablement de leurs parcelles de cultures. Je lance donc un appel à toutes les personnes de bonne volonté qui pourraient nous soutenir dans notre projet d’obtenir un moulin dans le village. »
Agathe Diama-ICRISAT
Murielle Sarr Ngathe-FIDA
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