octobre 15, 2011

UE-FIDA : Un Projet Mil et Sorgho pour la Facilité Alimentaire en Afrique de l’Ouest









Oumou Keita dans sa parcelle de tests de production de sorgho en association avec l’arachide. Elle est ici en compagnie de sa petite fille Bintou Camara tenant une gousse d’arachide.

Le sorgho produit dans ce champ servira à préparer des plats intermédiaires,

riches en fer et en zinc, des nutriments indispensables à l’alimentation de sa fille.











Oumou Keita, une agricultrice, se tient dans sa concession dans le village de Guena (50km de Bamako, Mali).


‘ L’important est d’augmenter la sécurité alimentaire des ménages et surtout celle des enfants au Mali ‘ Dr Eva Weltzien, ICRISAT

A 50 km de Bamako, Guena, est un village typique du Mali, fortement ancré dans la tradition et résolument tourné vers l’agriculture. Pourtant, les récents changements climatiques de ces dernières années n’ont pas épargné Guena. Ici, les sols sont pauvres et les pluies sont devenues aléatoires.

Ce jour là, sur la route qui conduit au village de Guena, Mamourou Sidibé, un technicien de l’ICRISAT évoque les caractéristiques des sols de Guena « Les résultats d’analyses montrent que les sols sont très pauvres à Guena, notamment en phosphore». Les sols fertiles ont alors été réservés en premier à la production familiale. Les sols, portés à l’abandon après de longues années d’exploitation reviennent aux femmes pour la culture des légumineuses dont l’arachide, considérée principalement comme la culture des femmes.

Ainsi, à quelques mètres hors du village, sur un sol caillouteux, Oumou Keita, fait exception avec son champ de sorgho. Oumou, est l’une des bénéficiaires du Projet Mil et Sorgho du Programme de Facilité alimentaire lancé par l’Union Européenne et le Fonds International de Développement agricole (UE-FIDA) en 2011 dans les pays de l’Afrique de l’Ouest dont le Mali. La deuxième Composante de ce programme exécutée par l’Institut International de Recherche sur les cultures des zones tropicales semi-arides (ICRISAT) dans le cadre d’un Projet dénommé Mil et Sorgho (PROMISO), vise à renforcer la production de mil et sorgho dans la région. Ceci pour faire face aux graves problèmes de sécurité alimentaire dus à une faible pluviométrie qui a considérablement réduit les récoltes en 2009. Depuis l’entame du projet, un accent tout particulier a été mis sur le renforcement des capacités des femmes à produire des céréales telles que le sorgho.

C’est ainsi qu’en 2011, Oumou Keita, faisait partie de quelques agricultrices choisies pour suivre une formation visant à accroitre la productivité et le rendement de la production de mil et sorgho par les femmes. « J’ai acquis une maitrise des techniques d’implantation de parcelles,

notamment la fertilisation des sols appauvris grâce à l’apport d’engrais DAP et d’urée » dit-elle.

Avec une application rigoureuse des enseignements reçus du PROMISO, Oumou nourrit déjà de grands espoirs concernant l’issue de la campagne agricole 2011. « Avec l’application de l’engrais et d’autres techniques de production et de gestion de la fertilisation du sol, j’espère doubler mon rendement de sorgho qui n’était que de 15 kg sur un

demi-hectare lors des années précédentes.».

La formation reçue par Oumou devra bénéficier également à toutes les femmes du village car ici, les activités de tests de semences sont inscrites dans le cadre d’une action collective. Ainsi, Oumou, aidera d’autres femmes de son village à implanter leurs parcelles de tests de sorgho en association de l’arachide « les femmes plus âgées et d’autres qui ne savent pas encore se servir des cordes de semis et de mètres ruban pour installer leurs parcelles de tests de sorgho et de mil peuvent compter sur mon soutien. »

assure Oumou Keita.

Selon le Dr Eva Weltzien, Chercheuse de L’ICRISAT, à long terme toutes les femmes du village pourront implanter leurs tests et donc accéder à des semences améliorées de céréales à un prix abordable. « C’est un travail de sélection auquel les femmes sont ainsi initiées »

renchérit Mamourou Sidibé, technicien de l’ICRISAT.

Alors que la production de mil et de sorgho a toujours été dominée par les hommes, une percée des femmes dans la filière constitue une lueur d’espoir et un grand pas vers leur autonomie future. Cependant, pour le Dr Weltzien, c’est en premier les familles et surtout les enfants qui en tireront le meilleur avantage : « L’accroissement de la production de sorgho par les femmes permettra à celles-ci d’apporter un complément nutritionnel à la ration alimentaire quotidienne des enfants. En plus des repas quotidiens, elles seront en mesure de compléter la nutrition de leurs enfants au travers de plats intermédiaires de sorgho riche en fer et en zinc qu’elles pourront offrir aux enfants en bas âge. L’important est d’augmenter la sécurité alimentaire des ménages et surtout celle des enfants». Le Dr Eva Weltzien rajoute également que l’arachide utilisée comme culture intercalaire des plants de sorgho dans les champs de femmes permet de fertiliser les sols appauvris que les femmes ont pris l’habitude d’exploiter.

Journée mondiale des femmes rurales : Les femmes de Guena vous parlent!


Avec le Projet Mil et Sorgho, les femmes de Guena ont de bonnes raisons d’être optimistes en ce qui concerne leur insertion dans le marché de la production céréalière. Cependant, à l’occasion du 15 octobre, Journée mondiale des femmes rurales, Oumou Keita s’érige en porte-voix des femmes de son village et souhaiterait attirer l’attention de tous sur d’autres problèmes que rencontrent les femmes de Guena. Il s’agit en l’occurrence du manque d’accès à l’eau potable ainsi que de matériel adéquat pour la culture « A Guena les femmes sont encore obligées de moudre manuellement le mil ou le sorgho. C’est physiquement contraignant. C’est également l’une des contraintes qui empêche les femmes de s’occuper convenablement de leurs parcelles de cultures. Je lance donc un appel à toutes les personnes de bonne volonté qui pourraient nous soutenir dans notre projet d’obtenir un moulin dans le village. »

Le Programme de Facilité Alimentaire UE‐FIDA‐CEDEAO est un dispositif d’appui visant à renforcer l’intégration régionale par l’amélioration de l’accès à la nourriture et à la sécurité alimentaire dans la région ouest africaine. Il vise à : Améliorer la disponibilité et l’accès aux services et aux intrants agricoles, notamment les semences et les engrais ; Augmenter les capacités de production agricole et satisfaire les besoins alimentaires fondamentaux des populations les plus vulnérables et satisfaire à petite échelle, les besoins spécifiques en matière d’équipements et d’infrastructures économiques. Le programme comporte trois composantes exécutées en partenariat par le FIDA (Composante A) qui vise à accroître, dans cinq pays (Bénin, Côte-D’ivoire, Ghana, Mali et Sénégal), la productivité agricole grâce à la disponibilité et à l’accès à des semences améliorées de riz, d’arachide, de boutures de manioc et autres tubercules ; ceci moyennant le renforcement des capacités de production et de distribution dans ces pays. La Composante B du programme de Facilité Alimentaire vise à renforcer la production de mil/sorgho dans la région, pour faire face aux graves problèmes de sécurité alimentaire dus à une faible pluviométrie ayant considérablement réduit les récoltes en 2009. Cette composante est exécutée par L’ICRISAT dans le cadre d’un projet dénommé « Mil et Sorgho (PROMISO) ». Enfin, (Composante C) vise à aider la CEDEAO à se doter de moyens pour soutenir et gérer les interventions régionales de mobilisation de sa politique agricole régionale.


Agathe Diama-ICRISAT

Murielle Sarr Ngathe-FIDA





Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Partager vos suggestions avec le réseau FIDAfrique/Share your opinion with FIDAfrique network